la magie et ses différentes sortes en Islâm
SHeikh ’Abdel ’Azîz Ibn ’Abdullâh Ibn BâZ rahimahullâh


Louange à Allâh et que les bénédictions et le salut soient sur le Messager d’Allâh, sur sa famille et ses Compagnons et sur ceux qui le suivent sur le droit chemin.

« Ammâ Ba’ad »

Certes la pratique de la magie fait partie des grands délits et des formes de mécréance. En tout temps, les gens en ont souffert. Ceci est valable aussi bien pour les générations précédentes que pour les gens de l’époque antéislamique, que pour cette communauté. L’ignorance abondante, la diminution de la science, la faiblesse qui influe sur la foi et la monarchie [impérial] entraînent la multiplication de personnes pratiquant la magie et le charlatanisme. Ils se propagent dans les pays par envie pour les biens des gens et pour les tromper et pour d’autres raisons encore. Quand la science apparaît, que la foi se développe et que le pouvoir de l’Islâm se renforce, ils [ces charlatans] commencent à se faire rares et à se cacher. Ils se déplacent de pays à pays à la recherche d’un endroit favorable à leurs fausses pratiques ; un milieu où ils peuvent se livrer au charlatanisme et à la corruption.

Le livre et la Sounnah ont clairement indiqué les variantes de la magie et leurs règles :

La magie est appelée « Sihr » en arabe pour la finesse de ses voies d’emprise et parce que les magiciens manipulent des objets occultes qui leur permettent de provoquer l’hallucination chez les gens, de les brouiller, d’éblouir leurs yeux, de leur nuire, de voler leurs biens et d’autres choses encore, par des moyens dissimulés qui échappent à la plupart des gens. C’est pourquoi la dernière partie de la nuit est appelée en arabe « Sahar » parce que c’est le temps où les gens sont moins attentifs et font moins de circulations. L’on appelle le poumon « sahar » parce qu’il est logé à un endroit caché du corps. Selon sens dans la jurisprudence islamique, la magie consiste dans les effets produits par les manipulations des magiciens qui s’expliquent par des hallucinations et des brouillages que le témoin croit réels alors qu’ils ne le sont pas. C’est pourquoi Allâh - Subhânahu - dit à propos des magiciens de Pharaon :

« Ils dirent : « O Mussa, ou tu jettes, (le premier ton bâton) ou que nous soyons les premiers à jeter ? » Il dit : « Jetez plutôt ». Et voilà que leurs cordes et leurs bâtons lui parurent ramper par l’effet de leur magie. Mussa ressentit quelque peur en lui-même. Nous lui dîmes : « N’aie pas peur, c’est toi qui auras le dessus. Jette ce qu’il y a dans ta main droite ; cela dévorera ce qu’ils ont fabriqué. Ce qu’ils ont fabriqué n’est qu’une ruse de magicien ; et le magicien ne réussit pas, où qu’il soit ». »
[1]

La magie peut se faire à travers des objets et des nœuds auxquels les magiciens soufflent. A ce sujet le Allâh - Ta’âla - dit :

« Contre le mal de celles qui soufflent (les sorcières) sur les nœuds »
[2]

Elle peut aussi consister en d’autres manières qu’ils réalisent avec l’aide de Satan et qui leur permettent de perturber les capacités mentales de l’homme et de le rendre malade. Ils peuvent aussi provoquer la séparation entre des époux. Dans ce cas, ils rendent chaque membre du couple détestable à l’autre. Ce qui implique la mécréance selon le Qor’ân. En effet, Allâh - ’Azza Wa Djal - dit ceci :

« Et ils suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Sulaymân. Alors que Sulaymân n’a jamais été mécréant mais bien les diables : ils enseignent aux gens la magie »
[3]

Allâh - Subhânahu - a affirmé que leur mécréance se manifestait à travers l’enseignement de la magie. Ensuite, il a dit :

« Ainsi que ce qui est descendu aux deux anges Hâroût et Mâroût, à Babylone ; mais ceux-ci n’enseignaient rien à personne, qu’ils n’aient dit d’abord : « Nous ne sommes rien qu’une tentation : ne sois pas mécréant »
[4]

Et puis Il a dit :

« Ils apprennent auprès d’eux ce qui sème la désunion entre l’homme et son épouse. Or ils ne sont capables de nuire à personne qu’avec la permission d’Allah. »
[5]

Il veut dire par-là que la magie et tous les maux qui en découlent ont fait l’objet d’un décret précédent d’Allâh. Car il n’est point possible de dominer notre Maître - Subhânahu wa Ta’âla - et rien dans Son royaume n’échappe à Sa volonté. Car rien des choses d’ici-bas [ad-douniyah] et de l’au-delà ne se passe sans se conformer à un décret précédent. Tout est conforme à une grande sagesse voulue par Allâh - Subhânahu wa Ta’âla. Il arrive que certains soient éprouvés par les magiciens, que d’autres soient éprouvés par la maladie, que d’autres soient tués, etc. La sagesse d’Allâh se reflète parfaitement dans Ses jugements, Ses décrets et Ses lois faites pour Ses adorateurs. C’est pourquoi Allâh - Subhânahu - dit :

« Or ils ne sont capables de nuire à personne qu’avec la permission d’Allâh.. »
[6]

[...]

Tout ce qui touche l’adorateur [d’Allâh] dépend de Sa volonté et d’une décision antécédente. Les magiciens se livrent à des maniements d’hallucinations comme Allâh - Subhânahu - le dit :

« Ils dirent : « O Mussa, ou tu jettes, (le premier ton bâton) ou que nous soyons les premiers à jeter ? ». Il dit : « Jetez plutôt ». Et voilà que leurs cordes et leurs bâtons lui parurent ramper par l’effet de leur magie. »
[7]

On donnait aux gens l’impression que les bâtons et les cordes étaient transformés en serpent qui marchaient dans la vallée. Pourtant, il n’y avait là que des cordes et des bâtons, mais les magiciens ont fait voir aux gens ce qu’ils n’ont vu que grâce à des façonnages qu’ils ont appris, qui permettent de donner aux gens l’impression que les réalités sont transformées. Allâh - Ta’âla - a dit :

« Et voilà que leurs cordes et leurs bâtons lui parurent ramper par l’effet de leur magie. »
[8]

Allâh - Ta’âla - a dit encore :

« « Jetez » dit-il. Puis lorsqu’ils eurent jeté, ils ensorcelèrent les yeux des gens et les épouvantèrent, et vinrent avec une puissante magie »
[9]

La réalité n’avait pas changé. Les cordes et les bâtons restaient tels, mais la sorcellerie avait produit son effet sur la vision des gens. Ce qui les firent croire qu’ils étaient devant des serpents. C’est de la tromperie faite à l’aide de la magie. Certaines personnes l’appellent « taqmîr ». Pour y parvenir, le magicien manipule des choses qui empêchent l’homme de percevoir la réalité telle quelle ; ses yeux ne voient plus la réalité. On peut même prendre quelque chose de son magasin ou de sa maison, en sa présence, sans qu’il en soit conscient. Cela veut dire qu’il ne saisit plus la réalité. Il peut en arriver à confondre une pierre avec une poule ou vice versa ou d’autres embrouillements de la sortes. Car la réalité a changé à ses yeux de part l’action du magicien et ses agissements trompeurs. Ses yeux sont envoûtés. Car les substances employées par le magicien empêchent ses yeux de voir la réalité. Voilà la magie qu’Allâh - Ta’âla - a qualifiée de puissante dans Sa parole citée dans la sourate : « al-A’râf » :

« « Jetez » dit-il. Puis lorsqu’ils eurent jeté, ils ensorcelèrent les yeux des gens et les épouvantèrent, et vinrent avec une puissante magie »
[10] [...] [11]



Notes
[1] Coran, 20/65-69
[2] Coran, 113/4
[3] Coran, 2/102
[4] Coran, 2/102
[5] Coran, 2/102
[6] Coran, 2/102
[7] Coran, 20/65-66
[8] Coran, 20/66
[9] Coran, 7/116
[10] Coran, 7/116
[11] Madjmu’ Fatâwa de SHeikh Ibn BâZ, 8/65-69